Les douze batailles pour le logement, présentées par François Saillant dans cet essai engagé, ont été menées par des groupes de citoyens défendant avec conviction le droit à un toit et le droit à la ville pour les personnes à revenu modeste. Coordonnateur et principal porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) pendant plus de 35 ans, il est bien informé sur le sujet et a même été témoin de plusieurs de ces luttes.Le premier combat pour le logement mentionné dans cet essai remonte aussi loin qu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Il a été mené par les « vétérans squatteurs » de 1946 à 1948. En raison de la très sévère pénurie de logements à prix abordable qui sévissait à Montréal, la Ligue des vétérans sans logis se lança alors dans l’occupation de bâtiments abritant des maisons de jeu ou utilisés à des fins illicites. Le meneur de cette action était Henri Gagnon, un électricien, qui avait été sergent pendant la guerre. Les anciens combattants et leurs familles devinrent donc des squatteurs. Au plus fort de leur démarche, 70 familles comptant 300 personnes furent impliquées. Elles furent finalement évincées, mais leur squat aura eu une influence sur les politiques fédérales du logement.D’autres batailles menées à Montréal, à Québec, à Hull, à Châteauguay et à Val-David sont relatées. Leur issue est parfois décevante, voire amère, et d’autres fois plus heureuse. Mais toutes, qu’elles aient été menées sous forme de squats, de manifestations, de pétitions, de démarches politiques ou médiatiques, ont conduit à l’avancement du logement social au Québec. Même si les besoins sont loin d’être comblés, les avancées ont été importantes.Il n’en reste pas moins que la financiarisation toujours plus importante du marché de l’habitation menace l’accès à un toit décent pour de nombreux ménages. La multiplication des condos haut de gamme et des locations de type Airbnb en sont des facteurs. Cela mène à l’embourgeoisement des quartiers urbains centraux, et contribue à chasser vers la périphérie les personnes à revenu plus modeste, ce qui compromet leur « droit à la ville ».La lutte pour un toit n’est pas terminée. Par exemple, François Saillant soutient qu’il serait temps de reprendre la construction de nouveaux HLM. Aucun nouveau projet de ce type n’a été lancé depuis 25 ans. Pourtant, la mauvaise réputation qu’on leur faisait n’est plus de mise aujourd’hui. Un combat et un dossier à suivre.
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