Nul titre n’aurait mieux convenu. Du courage, il en fallut en quantité sidérante aux différentes étapes de cette vie exemplaire. Vaincre les réticences du milieu québécois à propos de l’accession des femmes aux études supérieures, entretenir et réaliser le rêve tôt formulé d’une pratique de la médecine dans le tiers-monde, soutenir pendant des décennies un rythme de travail infernal dans un hôpital limité en personnel et en ressources techniques et confronté à la barbarie d’un Idi Amin Dada, voilà, parmi bien d’autres, des preuves incontestables de l’immense courage de Lucille Teasdale. Quand on ajoute à ces défis déjà surhumains le drame vécu dans sa chair par cette femme, on ne peut que succomber à l’admiration. Contaminée par le sida à la suite d’opérations pratiquées dans des conditions déplorables, Lucille Teasdale continuera, en effet, alternant rémissions inespérées et périodes déprimantes, à exercer son exigeant métier de médecin et de chirurgienne auprès des Ougandais.
Il convient, outre l’accent sur le courage, d’apprécier l’importance qu’accorde la biographe aux valeurs de Lucille Teasdale. Dès le départ, elle et son mari se fixent comme but de rendre les Ougandais autonomes et maîtres de leur destin. Quand l’humble dispensaire du début aura pris les dimensions d’un hôpital pourvu de 450 lits et complété par un réseau de cliniques satellites, le couple se félicitera de constituer la seule présence blanche au sein d’un personnel de plus de 400 personnes. La priorité, de bout en bout, sera fermement placée sur la formation, la préparation d’une relève autochtone, l’abolition aussi rapide que possible de tout cordon ombilical professionnel ou colonial. Autre facette du même respect, la langue locale servira toujours de base à la communication entre Lucille Teasdale et les dizaines de milliers d’Ougandais que l’établissement soigne année après année. Un bouquin documenté et axé sur l’essentiel.