Vingt-huit assez brèves lettres sont ici rééditées et annotées par Pierre Lainé qui, depuis leur découverte en 1979 et leur première publication, en 1987, a approfondi sa connaissance de ce Joseph Garcin (1894-1962) et du contexte qui entoura son amitié avec Céline. Ni restaurateur ni hôtelier, comme le lui avait d’abord laissé croire le petit-fils Garcin, mais quelque chose entre le proxénète et l’aventurier, qui fréquentait la pègre et ambitionnait de monter en politique ; un personnage, donc, comme devait les cultiver Céline, qui signe encore Destouches au moment de confier à Garcin son projet d’un roman qui sera le Voyage au bout de la nuit, et qui l’entretiendra sur ses obsessions, ses peurs, ses voyages et son travail, ne lui cachant pas qu’il entend l’utiliser comme modèle et source de renseignements. Le lecteur curieux puisera dans ces lettres un modeste supplément d’information sur la genèse du Voyage ; et également sur celle de Guignol’s band, où Garcin apparaît sous les traits du personnage de Cascade. C’est bien Céline que l’on retrouve, avec sa mauvaise foi, ses dégoûts et ses coups de gueule, ses tics et ses blessures. On a droit à de la phrase très célinienne, qui nous révèle un romancier soucieux de vendre des livres et, partant, attentif aux attentes de ses éventuels lecteurs : « J’embrasse ma maman et mets du caca partout si cela amuse le public ». Les lettres couvrent 40 des 130 pages que compte l’ouvrage ; sans les notes et commentaires de Lainé, elles en feraient sans doute 20. La suite est formée de deux études de Lainé, l’une sur la « Genèse de l’œuvre célinienne », l’autre sur les « Thèmes céliniens », dont la guerre, le mensonge et les femmes. Mentir pour se protéger, ou comme Céline l’écrit : « Mentir et survivre, et pas autre chose, foutre non ! » Le tout constitue ainsi une manière de bonne introduction à l’œuvre et à l’ouvrier, un des plus sulfureux du siècle passé. NB
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