L’art dit actuel nous introduit à toute une série de termes nouveaux pour définir un ensemble de modes d’expression tout aussi nouveaux. Ceux-ci, par leur nouveauté, sont déroutants pour beaucoup et ainsi on constate une certaine méfiance, disons même une méfiance affirmée, à l’égard de cet art nouveau. Sans le vouloir, peut-être, les éditions de L’Interligne viennent de sortir un petit ouvrage illustré, signé François Chalifour, qui aura pour effet, sans doute, d’aider le public à vaincre ses appréhensions. Cet ouvrage retrace le parcours de l’artiste franco-ontarienne Hélène Lefebvre qui l’a menée « de la peinture à la performance ». C’est un parcours intéressant que l’auteur décrit de manière détaillée. Il nous fait voir une artiste qui se consacre totalement à son œuvre et qui, en plus, le fait en établissant de manière intelligente ses codes à partir de références dans l’histoire universelle de l’art.
Un peu comme le disait le personnage de Starmania, Hélène Lefebvre « aurait voulu être une artiste » et les circonstances ont permis que ce vœu se réalise à un moment où elle avait emmagasiné tout un lot d’expériences de la vie. C’est donc forte de ce bagage qu’elle entreprend cette nouvelle carrière marquée par des rencontres qui détermineront les différentes étapes de son parcours.
Le passage de l’une à l’autre : de la peinture à la gravure, à l’installation puis à la performance est certes le résultat de rencontres avec des artistes Suvrant dans ces différentes disciplines, mais c’est aussi et surtout le résultat de la détermination de cette femme de s’affirmer et de se doter des moyens de le faire de manière satisfaisante. On peut noter qu’à travers ces changements, il y a une constante qu’apportent les personnages qui, dès le début, habitent son œuvre. Lorsqu’elle les fait sortir des supports bidimensionnels sous forme de grosses poupées de toile grise, elle les installe dans l’espace et les fait interagir avec le monde des vivants. Elle les met en scène en quelque sorte et découvre alors la possibilité de se mettre elle-même en scène dans des performances où transpire tout ce qui dans sa première carrière de fonctionnaire la préoccupait. L’artiste complète ainsi un cycle qui, transposé sur une plus grande échelle, ressemble fort aux cycles qu’ont suivi les courants artistiques de ces dernières décennies.