Linda McQuaig est auteure et journaliste. Elle a déjà collaboré au Globe and Mail et est maintenant chroniqueuse politique au Toronto Star. Elle a publié de nombreux essais dont Le grand banquet, La suprématie de la cupidité et de l’appât du gain, paru chez Écosociété. Neil Brooks a enseigné le droit fiscal et est spécialiste de l’impôt sur le revenu.
D’entrée de jeu, les auteurs expriment leur conviction que « les riches et ultra-riches ne génèrent pas de richesse, mais l’accaparent. Ils constituent une ‘oligarchie’ qui organise jusque dans les moindres détails l’activité sociale de façon à ce qu’elle satisfasse ses intérêts ». McQuaig et Brooks s’inscrivent en faux contre le discours des « experts » et « éditorialistes de service » qui serinent à l’envi que les impôts sur le grand capital et la réglementation sur les activités financières constituent un injuste châtiment infligé au « talent », à l’« effort » ou encore à la « création de richesse ».
Ils soulignent que « [d]es données de plus en plus abondantes montrent que l’inégalité extrême a des conséquences très néfastes sur la société. Elle exacerbe une foule de problèmes de santé et de problèmes sociaux, dont la criminalité, le stress, les maladies mentales, […] la mortalité infantile et la diminution de l’espérance de vie. Ce n’est pas sans raison que, de tous les pays développés, les États-Unis sont à la fois celui qui compte le plus grand nombre de milliardaires et qui affiche les plus hauts taux de mortalité infantile et de criminalité, la plus faible espérance de vie ainsi que les plus bas taux de mobilité sociale et de participation électorale ».
Au Canada, comme aux États-Unis, la contribution fiscale des plus riches a décliné de façon marquée au cours des dernières décennies. Cela n’a pas été sans conséquence sur la vie sociale, et même démocratique. C’est pourquoi les auteurs proposent une série de mesures fiscales susceptibles d’engendrer une société plus équitable, où la cupidité ne serait plus perçue comme une attitude positive. Parmi ces mesures, le retour, au Canada, d’un impôt sur les énormes successions, qui alimenterait une fiducie vouée au financement des études des jeunes canadiens est une idée particulièrement intéressante.