Dans Les mensonges de la guerre en Irak, rédigé en collaboration avec Yan Muckle, Robert Turcotte nous offre un bon livre de politique de terrain.
L’homme a été observateur lors du conflit en Irak. Son action, parrainée par l’ONG Voices in the Wilderness, puise sa motivation dans ce scandaleux constat : il y a un siècle, lors des conflits armés, 90 % des pertes en vies humaines se comptaient du côté des militaires et 10 % du côté des civils. Maintenant c’est l’inverse : 90 % des victimes sont des civils. Des organismes humanitaires ont décidé qu’il fallait agir, non seulement pour protéger les innocents, mais aussi pour dénoncer les crimes de guerre au sens établi par la Convention de Genève. Certains furent perpétrés par les États-Unis en Irak : bombardement d’ambulances, d’autobus, de maisons privées, absence de secours aux blessés, non-intervention pendant les pillages, empêchement de l’aide humanitaire, etc.
La première victime de la guerre étant la vérité, la présence sur le terrain de Robert Turcotte s’avérait donc précieuse. Par exemple, il était sur place lors de la fameuse chute de la statue de Saddam Hussein. Les Irakiens semblaient heureux, sous l’œil des caméras et les images faisaient le tour du monde. Pourtant, lorsque le Québécois s’est promené dans les quartiers avoisinants, personne ne connaissait ces gens en fête.
Ce livre en offre plusieurs en un seul ; journal de l’auteur, longues citations d’autres journalistes, entrevues, photos et extraits de la Convention de Genève. Tout en présentant de l’information utile pour éclairer la scène de ce malheureux conflit, on sait y prendre position et dénoncer quand il le faut. L’introduction de Yan Muckle donne le ton en relevant tous les arguments fallacieux utilisés par l’administration Bush pour justifier la guerre. Même la CIA reconnaissait qu’on allait trop loin dans les mensonges. C’est tout dire.
Notre monde, souvent cynique et indifférent offre aussi des modèles de conscientisation comme en témoigne Robert Turcotte.