Le premier de ces deux ouvrages (Les lèvres ouvertes) est, en réalité, un long poème qui peut être qualifié de « texte performance » : un poème véritablement écrit pour être dit. L’auteur parle essentiellement de la relation qui existe entre la forme des lèvres et les traits dominants de personnages multiples et de personnalités qu’il choisit dans divers milieux et à différentes époques. Son propos est présenté sur un ton à la fois humoristique, sardonique ou carrément méchant. Le poème en son entier est composé comme un « mantra », une prière. Toutes les lèvres du Monde y défilent… avec leurs caractéristiques, leurs plis et rictus.
Dans le deuxième recueil, Les versets amoureux, les poèmes se répartissent entre le Ciel et l’Enfer. Un poème sur l’amour fait accéder à l’ensemble dédié « à la passion ». Celle-ci amène le poète à transfigurer dans et par l’écriture sa sexualité ‘ qui prend la forme d’une œuvre d’art portée par l’image de l’Ange qui survole le monde tout en s’y incarnant. Jean-Paul Daoust ne sépare pas le sexe du langage : l’érotisme ‘ tous les plaisirs des sens ‘ est de soi poétique. C’est une des caractéristiques de son œuvre : les sens et l’écriture s’instaurent en symbiose paradisiaque ou infernale. En fait, il s’agit de l’évocation d’une jonction esthétique corps/écriture s’accomplissant en poésie par la médiation du poète/dandy. Cette approche de l’art n’est pas sans rappeler celle d’Oscar Wilde ou de Baudelaire.