Maryse Rouy, auteure connue pour sa passion du Moyen Âge français – elle a été primée en 2003 pour son polar Au nom de Compostelle -, propose au lecteur une saga historique. Cette fois le récit met en scène une jeune fille, Auralie, élevée par son oncle Esquieu, éminent médecin qui souhaite noblement transmettre son savoir à sa nièce afin que celle-ci puisse à son tour pratiquer et enseigner la médecine. Or se pose rapidement, au sein des confrères praticiens de la ville de Montpellier, le problème du « sexe » de l’étudiante : « Une femme ! A-t-on déjà entendu une idée plus folle que celle-là ? Une femme exercer et enseigner la médecine ! » Sur ces bases s’amorce l’histoire d’Auralie, jeune fille modèle d’une curiosité intellectuelle inouïe, qui tour à tour aura à affronter plusieurs obstacles : suivre les enseignements de savants misogynes, faire face à des compagnons d’études envieux et prêts à tout pour la déloger. Bref, Auralie ne sait et ne peut que se tourner vers ses deux passions, c’est-à-dire ses études et son jardin de fleurs Jusqu’à ce qu’un étranger, Thibaut, arrive à Montpellier pour y effectuer un stage auprès d’Esquieu. Agissant d’abord comme mentor auprès de la jeune fille – les deux étudiants profitent du temps de repos pour discuter et disserter -, Thibaut se forge peu à peu une place dans le cœur d’Auralie. Et au fil du récit s’ébauche un parallèle entre les célèbres personnages d’Abélard et d’Héloïse (dont la protagoniste accepte de traduire les lettres pour une comtesse) et Auralie et Thibaut.
Pour les fervents de romans historiques, celui qu’offre Maryse Rouy constitue encore une fois un excellent divertissement. L’auteure maîtrise manifestement son histoire et soulève des thématiques qui rejoignent le lecteur. En effet, la perspective féminine adoptée tend à provoquer quelque peu ce dernier. Et il apparaît pertinent, tant pour l’auteure que pour le lecteur, de se transporter dans l’époque mise en scène, question de replacer les données dans leur perspective. Cela aide en outre à mieux apprécier le chemin parcouru depuis ces temps moyenâgeux. En somme, l’intrigue, bien menée, et l’écriture d’un style concis et structuré assurent une bonne compréhension de la période qui sous-tend l’histoire d’Auralie, le femme savante.