L’histoire se déroule de 1981 à 2079, narrée par Fiona, écrivaine alors âgée de 102 ans. Fiona, conférencière devant un large auditoire à New York, est ramenée à l’histoire de sa famille par une question d’une jeune femme prénommée Luna. D’entrée de jeu, oublions le repère temporel 2079 qui laisse croire à un roman d’anticipation.
À part la scène initiale, interrompue par l’une de ces fréquentes pannes générales d’électricité accompagnées du vrombissement des sirènes, nulle part dans l’histoire des changements qui se seraient produits dans l’environnement n’influent sur les événements racontés. Même pas le tsunami qui aurait englouti les îles du Pacifique, information glissée comme ça au passage.
Fiona est âgée de quatre ans lors de la mort subite de son père, à Bexley, petite ville du Connecticut. Ses aînés, Reine, Caroline et Joe, ont respectivement onze, huit et sept ans. Coup de massue pour leur mère, Noni, qui n’est pas préparée à assumer seule la charge d’une famille. Sous prétexte de devoir se reposer, elle s’enferme dans sa chambre, jour après jour, devient une ombre dans la maison. Reine assume tant bien que mal la responsabilité de ses cadets. C’est la période que les enfants baptiseront la Grande Parenthèse, période qui s’étendra sur trois ans et au cours de laquelle ils vivront librement sous la seule autorité de l’aînée. Au sortir de cette longue nuit, Noni lit des ouvrages féministes à ses filles et les enjoint de se préparer à ne dépendre de personne, à gagner leur autonomie financière. Ce en quoi Caroline la décevra en se mariant et en abandonnant ses études pour s’occuper de ses enfants. Joe, lui, est un sujet d’admiration pour ses succès au baseball et sa popularité auprès des filles. Sa réputation d’athlète l’emporte sur ses résultats scolaires.
Un lien tissé serré unit la fratrie. On suit le parcours de chacun, autant professionnel que personnel, mais davantage celui de Joe dont le comportement suscite de plus en plus d’inquiétude chez ses sœurs. Elles prennent soin de protéger Noni, et ce, depuis la Grande Parenthèse. On lui cache la vérité, on lui a menti par exemple au sujet du renvoi de Joe de son équipe de baseball au prestigieux Alden College dont il est boursier. Des tensions brouillent parfois les rapports entre les enfants, mais les sentiments fraternels sont toujours plus forts que les sujets de discorde.
Outre la complicité fraternelle qui se maintient contre vents et marées, sujet central du roman, Tara Conklin effleure plusieurs thèmes toujours d’actualité tels que le féminisme, la dépendance aux drogues et à l’alcool, la maternité assistée, le couple. Malgré tous ces ingrédients de nature à susciter un vif intérêt, ce roman ne réussit pas à vraiment captiver. Un élagage lui aurait sans doute été bénéfique.