Publié à l’occasion du centenaire de la naissance de Nina Berberova, Les derniers et les premiers est le premier roman de cette écrivaine russe. Il a d’abord paru en feuilleton et est demeuré inédit en français, conformément à la volonté de l’auteure.
Un matin de septembre 1928, un voyageur aveugle accompagné d’une petite orpheline se présente à la propriété agricole des Gorbatov ; Vassia, l’un des fils de cette famille reçoit une lettre l’enjoignant de retrouver son père ; enfin, Shaïbine, un vieux Russe émigré en Afrique réapparaît subitement à la ferme. À partir de ces trois événements disparates, Nina Berberova tisse peu à peu une trame narrative où s’entremêlent les destinées de tous les personnages. En Russie, la révolution a eu lieu et n’a pas tenu toutes ses promesses : même si l’auteure se garde d’évoquer le contexte politique de son pays, les personnages du roman forment une étrange diaspora disséminée à Paris, en Provence et dans le Sud-Ouest de la France. Ouvriers, danseuses de cabaret ou paysans, ces émigrés se démènent pour survivre. Ils ne veulent plus être les « derniers » vestiges d’un temps révolu, comme le constate amèrement Shaïbine : « Le voilà, celui-là, le premier d’entre les premiers […]. Le premier qui s’est éloigné de notre génération. Le premier de ceux qui vivent autrement que de la façon dont nous avons jadis vécu. Nous clôturons une époque, ils ouvrent une nouvelle ère ».
L’éditeur prend la peine de préciser que Les derniers et les premiers souffre de quelques maladresses. Cependant, on trouve déjà dans ce texte les caractéristiques d’une écriture singulière, qui contribueront au succès des romans ultérieurs tels que L’accompagnatrice.