Catherine Clémentin-Ojha est anthropologue et spécialiste des religions en Inde. Dans Les chrétiens de l’Inde, Entre castes et Églises, elle relate l’histoire du christianisme dans ce pays. Elle mentionne notamment une réalité aussi intéressante que méconnue : des chrétiens étaient établis en Inde bien avant l’arrivée des Occidentaux ! Ces « chrétiens syriens » auraient été évangélisés par Thomas, le disciple du Christ, qui y serait venu en l’an 52. Leur communauté, connue sous le nom de chrétiens de Saint-Thomas, était, au moment de l’arrivée des Européens, sous la juridiction de l’Église catholique chaldéenne.
À partir du XVe siècle, le christianisme en Inde est étroitement associé à la présence occidentale. Les Portugais d’abord, puis les Français, les Britanniques et d’autres Occidentaux s’installent, accompagnés de missionnaires qui s’efforcent de répandre la foi catholique ou protestante. Au début, les convertis appartiennent principalement aux castes supérieures. Plus tard, aux XIXe et XXe siècles, les nouveaux chrétiens sont surtout issus des castes d’intouchables et des autres basses castes. Certains d’entre eux voient sans doute la conversion comme une façon de se soustraire à leurs conditions de vie misérables et de grimper dans l’échelle sociale. Pourtant, malgré les efforts – variables selon les époques et les Églises – afin de le contrer, le système des castes n’est pas absent des communautés chrétiennes de l’Inde. C’est qu’il s’agit d’un phénomène autant social que religieux.
Aujourd’hui, les chrétiens indiens sont 24 millions et ils ne représentent que 2,34 % de la population. Leur religion, généralement associée au colonialisme occidental, leur vaut d’être souvent mal perçus par leurs concitoyens. Par conséquent, ils sont à l’occasion l’objet de violences de la part de groupuscules hindous.
Catherine Clémentin-Ojha dresse dans Les chrétiens de l’Inde un tableau vivant de la chrétienté dans l’Inde contemporaine et elle relate son histoire troublée et insolite. Son ouvrage passionnera aussi bien les lecteurs qui s’intéressent à l’Inde que ceux qui sont concernés par le christianisme et les religions en général. Et les esprits curieux y trouveront également de quoi se sustenter