Peut-on intégrer textes et images dans un même ensemble qui les met en vis-à-vis ? Oui, et Art le Sabord l’a prouvé maintes fois. Dans un numéro très spécial (le numéro 100) avec en couverture le mot « Engagement », l’équipe de la revue effectue une sorte de bilan en proposant au lecteur une rétrospective qui est inestimable pour quelqu’un qui, comme moi, n’a pas connu la publication à ses débuts. D’une année à l’autre, il est alors possible de voir comment elle a grandi malgré vents et marées, et comment, par des changements majeurs ou mineurs, par la proposition d’idées nouvelles, la revue a survécu et même s’est bonifiée.
Parmi les nouvelles idées proposées, l’une d’entre elles semble avoir été déterminante : celle de se concentrer sur les arts et la littérature. Ce qui en ressort de particulièrement bien, c’est que, dans cette approche multidisciplinaire, la revue n’a jamais véritablement tenté d’en finir avec les questions relatives aux rapports existant entre ces pôles majeurs de créativité que sont l’écriture et l’image. Je dirais au contraire qu’elle a voulu leur rendre justice et cela malgré la distance, grande ou réduite, qui les sépare.
Les textes sont irréprochables, les images remarquables. Celles-ci sont tantôt des œuvres à part entière, tantôt des transpositions d’œuvres d’art dans un autre support. Dans ces dernières, dont l’utilisation est éditoriale, et justement à cause de cela, on peut sentir le respect des essentielles exigences de fidélité aux couleurs, à la lumière des œuvres, et aussi aux caractéristiques physiques de celles-ci lorsqu’il s’agit, comme c’est souvent le cas, d’œuvre d’art en trois dimensions, d’installations…
Aujourd’hui, l’équipe d’Art le Sabord se réjouit (on le comprend bien) de la notoriété acquise et des honneurs recueillis. Ce sont là de justes récompenses à un travail bien fait et qui a bénéficié de la complicité, de la passion même, de centaines de créateurs et visionnaires venus d’ici et d’ailleurs. Mais, atteindre un tel sommet ne veut pas pour autant dire qu’il faille redescendre. Voilà pourquoi, et l’éditeur et directeur artistique Denis Charland le précise, « [c]e n’est pas par hasard si ce numéro 100 a été orchestré autour de l’Engagement » car, ajoute-t-il, « toute l’histoire d’Art le Sabord repose sur cette notion ».
Ad multos annos.