Je lis ce recueil de poésie le vingt-deux avril, Jour de la Terre.
Aujourd’hui, on clame que l’esprit de l’homme doit être à l’écologie, à l’économie, au recyclage, au compostage et à tout le reste. C’est une journée verte ou chacun veut faire sa part pour l’avenir de la planète.
Seule dans ma cuisine, je pose sur l’îlot de granit, monument d’histoire du travail de la Terre, le petit ouvrage poétique de Judy Quinn.
La couverture est couleur de terre et d’hiver. On y voit, enfermé dans un encadré, derrière les mailles d’un grillage, un arbre nu où tient encore ce qui semble être un nid abandonné. Le tout est en grisaille et en désuétude, totalement en contraste avec le discours vert du jour.
J’ouvre et je lis.
Je lis l’acharnement de l’homme à vivre malgré l’obscure finalité d’une vie ; je lis l’espoir qu’il y ait un sens à l’existence ; je lis l’admiration devant l’arbre qui arrive à porter fruit ; je lis le désir, le courage de devenir porteur de vie, malgré la peur et l’incertitude.
Je parcours trois fois le recueil de Judy Quinn et je reste seule avec les mots de l’auteure, tout en antériorité et en postériorité. Les instants fugaces qu’elle a fixés sont les seules choses qui nous rattachent au présent. Le reste est passé, a vécu, a laissé des traces, est venu d’on ne sait où et continue vers l’inconnu, nous laissant plantés là, au beau milieu d’on ne sait trop quoi, de petits arbres, avec des envies de bonnes branches et des espoirs d’abrier quelques vies.