La notion d’« économie de la nature » est apparue au XVIIIe siècle. Plus tard, de nouvelles définitions du concept relégueront dans la marge la définition originale, qui se verra elle-même désignée par un nouveau terme : l’« écologie ».Le philosophe et essayiste québécois Alain Deneault publie habituellement des ouvrages consacrés au domaine économique dans le sens que l’on accorde aujourd’hui à ce champ d’activités. Cette fois-ci, il s’intéresse aux différentes acceptions de l’expression « économie de la nature », au fil du temps. En 1749, dans son ouvrage Œconomia naturӕ, Carl von Linné en a établi une définition qui a été longtemps retenue par les naturalistes. Elle désigne alors une relation d’équilibre entre les éléments de la nature, dont tous les êtres vivants, y compris l’espèce humaine. Cet équilibre implique également l’environnement dans lequel baignent ces organismes : le sol, l’eau, le climat. Les découvertes de Darwin ont permis d’ajouter les notions d’évolution et d’adaptation à cet équilibre complexe et délicat.C’est avec l’entrée en scène des physiocrates, comme François Quesnay et Adam Smith, que l’économie de la nature commence à comporter des calculs et des variables comptables. L’économie n’est plus alors qu’une mise de fonds permettant de réaliser des « excédents » et d’accumuler du capital, qui sera éventuellement réinvesti. Ce nouveau sens de l’économie s’éloigne de la nature tandis que le terme « écologie » prend sa place pour désigner l’équilibre entre les êtres vivants.Mais cette nouvelle économie qui règne désormais sur notre monde s’avère, sous bien des aspects, catastrophique. Ainsi, afin de produire ce qu’on considère comme des richesses, c’est-à-dire sans cesse plus de capital et des quantités d’articles dont la nécessité n’est pas toujours certaine, le rendement se révèle souvent négatif, pour peu qu’on prenne en compte les ressources naturelles utilisées. Sans compter que, pour augmenter l’efficacité, on en est arrivés à jouer aux apprentis sorciers de diverses façons, quitte à menacer cet équilibre fragile nécessaire à la nature et, par conséquent, à l’être humain.Dans cet essai, Alain Deneault propose de remettre à l’honneur la signification originale de l’économie, en la rapprochant à nouveau de la nature. Heureusement, sa façon de voir est de plus en plus partagée.
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