L’écrivain canadien David Gilmour (à ne pas confondre avec le guitariste du groupe Pink Floyd) offre dans son roman L’école des films une petite leçon de cinéma pour néophytes. Au moment où son fils de seize ans décroche de l’école, le narrateur lui propose de remplacer les cours par des visionnements réguliers de films et d’en discuter après coup, question d’approfondir l’expérience et de stimuler l’intellect de l’adolescent. Si les romans sur le cinéma sont nombreux, celui-ci se démarque par la volonté de l’écrivain de s’adapter à cette jeunesse qui ignore tout du vrai cinéma et qui n’est que trop souvent guidée par les publicités retentissantes des longs métrages les plus commerciaux, sans égard pour leur qualité artistique.
L’école des films présente une multitude de titres : d’abord Les 400 coups de François Truffaut (pour son personnage d’Antoine Doinel, qui était lui aussi un décrocheur). Cependant, le choix subséquent des films est beaucoup plus discutable et c’est en fait la grande déception de ce livre : au lieu de faire découvrir des classiques et des œuvres grandioses mais méconnues, le narrateur inflige à son pauvre enfant les pires dérives du cinéma commercial. Au cinéma, quantité, rentabilité et intensité des films choisis ne riment pas nécessairement avec qualité. Ici, on passe d’œuvres marquantes comme James Bond 007 contre Dr. No avec James Bond ou encore Citizen Kane d’Orson Welles à L’exorciste et Basic Instinct. Nous voyons ainsi comment se reproduit le manque de véritable culture cinématographique d’une génération à l’autre. Plus loin, David Gilmour reprend les arguments superficiels d’un simple critique de films pour louanger Roman Holiday de William Wyler : « Mlle Hepburn avait ce je-ne-sais-quoi qui ne s’apprend pas, un rapport naturel avec la caméra », pour ajouter plus loin : « Hepburn a remporté un Oscar pour ce rôle-là ». Comme si les Oscars pouvaient suffire à garantir la qualité d’un long métrage.
Outre les brefs commentaires sur les films que le père adresse au fils (et qui font parfois la force du livre), les situations qui constituent la trame de fond sont souvent banales ou prévisibles : un voyage à Cuba, une soirée chez des amis, la drogue, l’excès d’alcool. Sur le plan de l’écriture, le style reste pauvre, mais la traduction en québécois pourra parfois nous amuser ; ainsi, un personnage dit : « […] c’était pas mal plate » ; ailleurs, le narrateur écrit : « […] martelant le plancher en pieds de bas ».