On connaît surtout le metteur en scène d’origine chilienne Alejandro Jodorowsky pour ses films métaphysiques et ultra violents produits au Mexique (El Topo, en 1970, puis La Montagne sacrée, en 1973), mais c’est oublier ses scénarios de bandes dessinées et ses écrits littéraires éclectiques. Le présent ouvrage réunit les traductions de deux parutions distinctes : L’échelle des anges, qui date de 1999, et Images de l’âme, qui remonte à 1995.
Le prologue explique que L’échelle des anges a été rédigé à la suite du décès prématuré de l’un des enfants de Jodorowsky. L’artiste a voulu exprimer son désarroi et sa quête spirituelle, amorcée depuis longue date, mais exacerbée par ce traumatisme. Il en résulte une œuvre à la fois ésotérique et hermétique, hantée par le thème de l’éternel retour et par la pensée zen : « Le Monde est une vision subjective formée des possibilités que nous choisissons parmi une infinité d’autres possibilités. […] Nous n’avons que la liberté de choisir dans un contexte imposé ». Cette première partie, qui occupe plus de la moitié de l’ouvrage, se présente comme une suite d’aphorismes disposés sur les pages de gauche et de courts poèmes reproduits sur les pages de droite. On comprend ici la signification du sous-titre « poésophie », qui mélange poésie et philosophie. En outre, un « dictionnaire poésophique » de 26 entrées occupe le cœur de l’ouvrage, selon le même principe, dans une optique très personnelle et nullement généraliste. Ainsi, sous l’entrée « santé », on trouve cette réflexion déconcertante issue d’un esprit délibérément paradoxal : « Les problèmes sont les solutions. La maladie est aussi la guérison ». Beaucoup plus bref, Images de l’âme n’occupe que 22 pages et s’inspire de la philosophie chinoise, en intensifiant d’un cran le degré d’hermétisme. Pour reprendre ses propres termes, les interrogations de Jodorowsky oscillent continuellement entre le Tout et ses parties.