Poésie rédigée pour les initiés, Le rosier incendiaire marque par sa rigueur. Conçus pour toucher un point sensible chez le lecteur, les poèmes de cette œuvre s’affirment en tant qu’unicité. Chaque page est une toile où Steve Auger livre son art enflammé. Pyromane du stylo, l’encre est son essence. Il allume sa plume et le texte s’échauffe.
Qui prendra le temps de s’asseoir, de cueillir le livre et de lire ses pages comme l’on respire les pétales d’une rose sera ensorcelé par un style énigmatique. Pour un néophyte, la lecture peut sembler difficile de prime abord. Mais les textes, qui dépassent rarement deux pages, s’apprivoisent aisément. Les lire à haute voix et visualiser les vers permet d’accéder à l’âme du livre. Après s’être familiarisé avec les textes, il devient alors possible pour le lecteur de les relier à un moment de sa journée, une de ces plus banales de la vie quotidienne, où la confiance peut venir à manquer. Ces petits instants teintés d’une poésie brûlante forment une fleur parfumant la grisaille.
Quelques passages bousculent les croyances, d’autres secouent les idées reçues et certains remuent le moral. L’ensemble modifie la perception que l’on peut avoir de la poésie, trop souvent vue comme un ramassis de rimes insignifiantes. Avec sa multitude de vrais poèmes sensés, Steve Auger décrit un état, il raconte une histoire. Comme la poésie est un art intime, il serait aisé de croire que c’est la sienne, cependant il ne serait pas faux de s’y reconnaître. Ardent recueil d’un artiste réaliste, Le rosier incendiaire stimule l’intérêt profond, il attise la conscience endormie et réchauffe les esprits. Impossible d’y rester insensible.