Le désir. Celui qu’on inspire et celui qu’on ressent. Celui qu’on clame et celui qu’on musèle. Celui qu’on assume et celui qu’on fuit. Dans Le pharmacien, premier ouvrage de Sylvie Trottier, les personnages sont confrontés aux multiples facettes d’un désir qui embrase les corps.
Sujet éternel s’il en est un. Mais Sylvie Trottier lui insuffle souvent une certaine originalité en diversifiant ses approches. Ainsi, elle raconte dans « Pygmalion » et dans « Mezza voce » la même soirée hésitante au bord du tumulte d’une jeune femme et d’un homme marié. Ou dans « À quia » et « Florida room », elle présente, selon les points de vue du mari et de l’épouse, les réactions de jalousie qui sont venues assombrir leurs vacances.
Peut-on pour autant dire que ces trente-deux textes font le tour du sujet ? Pas vraiment. Car chez Sylvie Trottier, le désir semble obéir à une seule loi : l’un des deux protagonistes, le plus souvent féminin d’ailleurs ‘ce qui, en soi, marque quand même une certaine audace – l’assume tandis que l’autre le fuit, timoré. On finit alors par avoir l’ennuyeuse impression d’être captif des plaintes répétées d’une narratrice qui n’en revient pas d’échouer à séduire celui qui lui plaît et d’un narrateur qui ne se remet pas de ne pouvoir ni succomber sans remords ni s’éloigner sans regrets.
L’ouvrage de Sylvie Trottier – comment appeler autrement ce recueil de textes qui ne sont ni tout à fait des nouvelles ni tout à fait des récits mais qui tiennent aussi de la réflexion ou du fragment de roman ? – révèle une belle maîtrise d’écriture. Un bémol : quelques excès d’érudition et des passages métaphoriques détournent par moments.
Le pharmacien, variations sur un même thème, plaira s’il ne finit pas par lasser.