Quand les critiques parlent de Carlos Ruiz Zafón, auteur catalan né à Barcelone en 1964, les superlatifs sont au rendez-vous. Zafónmanie, raz-de-marée dans la littérature espagnole, tornade littéraire, n’en jetez plus, la cour est pleine. Son roman précédent, L’ombre du vent, a été vendu à dix millions d’exemplaires dans une cinquantaine de pays. Il a reçu de nombreux prix en Europe et ailleurs dont le Prix des libraires du Québec (2005).
Plus d’un million de copies du roman Le jeu de l’ange a été écoulé en Espagne en moins de quarante jours. Ce thriller gothique où se conjuguent pouvoirs occultes, amours malheureuses, religions et fantastique un rien macabre se situe dans la Barcelone des années 1920, en pleine révolution industrielle.
Au protagoniste David Martin, à qui arrive mille malheurs et quelques bonheurs tout au long de ces cinq cents pages, il sera demandé d’écrire un livre unique, qui devrait le récompenser de manière royale et un peu inquiétante. Qui est donc ce mystérieux éditeur Andreas Corelli qui lui passe une telle commande ? « Le père de toute connaissance secrète et interdite, du savoir et de la mémoire, l’ange des mensonges et de la nuit » ?
Il plaît au lecteur de revisiter ici la librairie Sempere ainsi que le magique et mythique « Cimetière des livres oubliés », qu’il avait déjà connus dans L’ombre du vent. Et saluer un moment les œuvres perdues, méconnues ou mortes-nées. « Un labyrinthe colossal de passerelles, de passages et de rayonnages remplis de centaines de milliers de livres, une gigantesque bibliothèque aux perspectives impossibles. »
Célébrer Barcelone, magnifique capitale de la Catalogne, comme lieu de livres, de librairies, de bibliothèques et d’écrivains ne peut que plaire aux aficionados dont je suis. Le héros David Martin passe donc de pisse-copie à succès, auteur populaire de feuilletons policiers, à écrivain maudit. Jusqu’au bout de son destin, un brin diabolique.