Dans son site Internet, l’éditeur compare Fabien Ménar à Jean-Paul Dubois, Daniel Pennac, Emmanuel Carrère : passe encore pour les deux premiers, mais Carrère ?! S’il faut absolument trouver une parenté à ce jeune premier, je dirais plutôt qu’avec la juvénilité de sa prose, Fabien Ménar rappelle davantage Alexandre Jardin.
Moins déprimé que les nombreux « Paul » de Dubois et, surtout, moins attachant qu’eux, moins délirant que Benjamin Malaussène et sa tribu, Flemmar Lheureux n’en demeure pas moins un désabusé digne d’être remarqué ! Professeur fatigué – c’est le moins qu’on puisse dire ! -, mari dorloté et père manqué, Flemmar, le bien nommé, s’invente un talent d’écrivain, histoire de rehausser un peu sa cote, auprès de lui-même, ensuite devant le monde entier : c’est qu’il voit grand le Flimou ! Il s’imagine déjà, Goncourt en poche, accablé par la gloire… Mais c’est à une toute autre célébrité que Lheureux est promis.
Au premier degré, le roman de Fabien Ménar est divertissant, on le lit d’un trait et l’on s’amuse car l’écriture, loin d’être banale, réserve de belles trouvailles. Ainsi, parlant de flics passionnés de mots croisés il écrit : « Ils étaient trois, en réalité, derrière leur petit bureau, appliqués comme des copistes, trois cruciverbistes enquêtant sur les mots qui pendent au bout de définitions aussi impénétrables qu’un crime parfait. » Au second degré, cette histoire se transforme en un véritable cauchemar ! Aussi bien en rester au premier degré bien qu’à l’heure où les étudiants des collèges commencent à faire l’évaluation des professeurs, Le grand roman de Flemmar ne présage rien de bon pour ceux d’entre eux qui ont jeté la serviette ! Comme on dit des bons p’tits plats de Pinard qu’elles sont des pinardises voilà des ménardises !