La femme a, en matière d’enfants, deux choix0: en avoir ‘ elle devient alors mère ‘ ou ne pas en avoir. Quelle que soit sa décision, elle doit composer avec des arguments et des discours que la société véhicule, à tort ou à raison, et dont la force d’impact n’est pas à négliger. La philosophe Élisabeth Badinter analyse cette rhétorique et en démontre les conséquences.
La première partie du livre est consacrée à l’analyse des discours entretenus depuis 1970 à propos des femmes qui décident d’avoir un enfant. Badinter indique trois grands pôles d’influence qui engendrent chacun une rhétorique différente mais qui s’entrecoupent, voire se soutiennent mutuellement. D’un côté, le pôle écologiste, dont fait partie la Leche League, qui véhicule la doctrine selon laquelle l’humain doit se plier aux lois de la nature. Ce courant prône l’accouchement sans anesthésie et le rejet des biberons et des tétines, jugés contre-nature. Le second pôle est celui des sciences du comportement qui défendent, entre autres, la théorie du lien maternel (Maternal-Infant Bonding), laquelle soutient que l’enfant et la mère doivent être en contact permanent entre la naissance et l’âge de quatre ans, et proscrit la garderie. Autrement, l’enfant pourrait présenter des troubles comportementaux, voire des déviations psychopathologiques. Finalement, le troisième pôle est celui d’un féminisme qui met l’accent sur les différences physiologiques qui existent entre les hommes et les femmes et qui vise à renouveler la fierté du rôle nourricier de ces dernières.
La seconde partie du livre est dédiée à l’analyse du discours dirigé vers les femmes qui décident de ne pas avoir d’enfant. Dans ce cas, la rhétorique veut que ces dernières soient des femmes tristes qui ont raté leur vie amoureuse, ou encore, qui n’ont pas écouté leur instinct maternel.
Ce livre révèle les discours sociaux qui entourent un acte d’apparence si simple, à savoir le choix d’avoir ou pas un enfant. Au bout du compte, il est étonnant de constater que ces discours moralisateurs peuvent être la cause d’une baisse de la natalité.