Tout le monde ayant son opinion sur les nouvelles technologies de communication, il se dit forcément pas mal de bêtises sur le sujet. S’appuyant sur la pensée de scientifiques de renom, d’observateurs aguerris, de défricheurs d’avenir comme sur nos bons vieux philosophes, Hervé Fischer s’emploie à débusquer certains des lieux communs et poncifs qui nous tiennent lieu de vérités dans le prêt-à-penser de l’époque.
Fondateur du premier café Internet au Canada, on ne peut soupçonner Hervey Fischer d’être réfractaire à son sujet. Les lecteurs du Choc du numérique le constateront, sa passion pour le sujet n’empêche pas l’esprit critique. C’est à la lumière du bon sens, de la culture et de l’humanisme que l’auteur inventorie l’impact du numérique aussi bien dans l’éducation, l’économie, la vie domestique que dans notre espace psychique ou l’agora politique, entre autres champs de l’activité humaine.
Après avoir résumé ce que disent les esprits les mieux au fait de la question dans chacun des domaines abordés, Hervey Fischer nous livre le fruit de ses réflexions sous forme d’aphorismes qu’il appelle les lois paradoxales du numérique. Certaines sembleront évidentes : « les technologies numériques évoluent plus vite que nos idées » ou « le fluide numéraire est tout à la fois le degré zéro de la solidarité humaine et l’accélérateur de l’économie imaginaire, l’i-économie ». D’autres ouvrent des perspectives stimulantes à la réflexion : « plus les technologies numériques sont puissantes et sophistiquées, plus la mémoire artificielle qu’elles sont censées garantir risque de devenir éphémère » ou « malgré sa nature technologique, l’Internet agit comme un psychotrope et active l’inconscient ».
Le livre d’Hervé Fischer contribuera pour beaucoup à mettre plus de vérités et moins d’a priori dans le discours ambiant. Au terme du Choc du numérique, le lecteur se rendra compte que, ni instruments d’aliénation, ni clés d’une nouvel Éden, les technologies de l’information en sont encore à se bâtir une niche dans le catalogue des inventions humaines.