Comme l’a souvent répété le géographe Louis-Edmond Hamelin, les Québécois devraient assumer leur nordicité. Depuis 1955, le Carnaval de Québec constitue la célébration par excellence de notre hiver, bien que différents carnavals aient existé dans plusieurs villes, dont Montréal. Après un demi-siècle, il fallait souligner la popularité de cette fête, que certains snobs dédaignent encore, la disant « folklorique ».
Le premier chapitre du livre de Jean Provencher relate les activités d’hiver dans le Québec du XIXe siècle, avec l’étonnant Carnaval de 1894, qui avait déjà son Palais de glace, un défilé, mais pas de Bonhomme ! Ce dernier n’apparut qu’en 1955. En revanche, nos fêtes d’hiver célébraient depuis longtemps le Mardi-gras, invoquant d’une manière vivante et originale l’histoire populaire, les légendes, les traditions, à l’origine de plusieurs chars allégoriques du défilé de nuit et de certains monuments de glace.
On voit comment ce Carnaval a évolué, de quelles manières ses organisateurs se sont parfois pliés aux modes et aux critiques, par exemple en internationalisant les concours de sculpture sur neige, en délaissant la rue Sainte-Thérèse, surnommée « rue du Carnaval », ou en mettant fin à l’élection des duchesses, pourtant si populaires. D’ailleurs, quelques pages du Journal personnel d’une duchesse, datant de 1968, sont ici reproduites. Ces femmes pouvaient goûter quelques moments princiers dans des bals, pareils aux contes de fées. On évoque également la visite d’une vraie princesse, Grace de Monaco, au Carnaval de Québec, en 1969.
L’historien Jean Provencher a réussi son livre sur le Carnaval de Québec ; une documentation étoffée et une iconographie soignée font ressortir le caractère ethnographique de cette fête populaire. Il faut le lire pour mesurer pleinement la dimension historique et identitaire de cet événement.