Janik Tremblay, Montréalaise native de Chicoutimi, en est à son quatrième roman. L’action de ce dernier se passe sur le Plateau Mont-Royal, rue Fabre. Au numéro 4370, des locataires de tous âges et de milieux divers entretiennent plus que des rapports de bon voisinage, une amitié nourrie de partage et de compassion. On assiste à la vie quotidienne de citadins, sans doute pas plus doués pour le bonheur que quiconque, mais jouissant des dispositions contagieuses d’un voisinage altruiste. Les drames, voire les tragédies, ne sont pourtant pas absents de leurs vies. Les épreuves contribueraient-elles à ouvrir les cœurs ?
Treize ans plus tôt, Vincent, le fils des Larrivée, s’est suicidé, incapable de vivre avec le sentiment de lâcheté qui l’habite depuis la tuerie de Polytechnique survenue vingt-six mois auparavant. Il était parmi les garçons d’une classe qui avaient assisté au massacre de leurs consœurs sans pouvoir intervenir. Depuis, les locataires se réunissent chaque année autour des Larrivée pour commémorer la date fatidique. Parmi eux, Pierre, le col bleu, ne se remet pas du départ de sa femme avec un homme plus jeune. Tandis que, oh surprise ! la veuve sexagénaire, Madame Édouard, voit arriver un beau jour l’amoureux de ses quinze ans. D’autres couples se forment et des amitiés se tissent. On se donne rendez-vous au Théâtre du Nouveau Monde, pour voir le Projet Andersen de Robert Lepage ou, comme dans la vie de tous les jours, on se rend simplement au dépanneur du coin tenu par un couple de Vietnamiens.
Mais un soir de mai, le hasard intervient et bouleverse tragiquement la fête organisée dans la cour pour les 25 ans de Jeanne. Et le couple de Vietnamiens, parti de si loin pour fuir la guerre, se retrouve face à un destin impitoyable. Malgré tout, le bonheur est assis sur un banc et il attend ? En effet, semble dire la romancière, le bonheur est au malheur ce que le côté face est au côté pile d’une pièce de monnaie. Le bonheur n’existe pas à l’état pur. Aussi faut-il apprendre à le reconnaître et à le cultiver.
L’atmosphère du roman rappelle celle d’Ensemble, c’est tout d’Anna Gavalda, même s’il contient des événements tragiques. Clin d’œil de Janik Tremblay : l’un de ses personnages est justement en train de lire le roman de Gavalda. La célébration de l’amitié, du partage et de la solidarité est ce qui touche dans les deux œuvres.