Décidément, le monde contemporain n’est pas simple. Le progrès scientifique fait surgir bien des questions, et si la population et les gouvernements ne se décident pas à y réfléchir et à y répondre très vite, les multinationales et les scientifiques s’en chargeront pour eux. Ils ont d’ailleurs déjà commencé.
Peut-on autoriser des parents à choisir au préalable des caractéristiques de leurs enfants ? Y a-t-il lieu d’interdire la naissance d’enfants porteurs de tares génétiques ? Le « gène de l’intelligence » existe-t-il ? Si oui, est-il plus fréquent chez une race que chez d’autres ? Est-il justifié pour des entreprises de breveter des séquences génétiques naturelles comme on brevette des médicaments résultant du génie humain ? Doit-on honnir les OGM ?
Pour répondre à ces questions, il faut bien connaître ce que sont et ne sont pas les gènes, et comprendre leurs fonctions. Interrogés par Fabrice Papillon, Albert Jacquard et Axel Kahn s’emploient ici à nous éclairer… Et nous, il nous reste à les comprendre, malgré les opinions qui diffèrent d’un savant à l’autre, et même si bien des notions évoquées ne sont pas forcément accessibles aux profanes que nous sommes.
Les déterministes balaieront du revers de la main ces interrogations et ces angoisses, estimant que de toute façon, notre avenir est, justement, préprogrammé dans nos gènes. Ce serait méconnaître l’humain et sous-estimer sa complexité, répondent nos deux scientifiques. Il serait donc encore permis d’être optimiste ? Axel Kahn : « Je ne suis ni optimiste ni pessimiste, mais seulement mobilisé. Je sais, en effet, que nous avons la liberté de vouloir, habités par la conviction de pouvoir modeler notre avenir en fonction de ce dont nous avons osé faire le projet. »
C’est ce projet qu’il reste à déterminer ensemble… si nous arrivons à assimiler l’information nécessaire.