En envahissant l’Irak en mars 2003, les États-Unis ont commis une triple agression, soutient Jocelyn Coulon, dans son dernier ouvrage qui décrit rigoureusement tous les facteurs ayant mené à cette guerre éclair.
Une agression contre l’Irak, dont on ne pleurera pas, souligne l’auteur, la destitution du leader, Saddam Hussein. Mais aussi, et surtout, une agression contre les alliés qui s’opposaient à cette entreprise guerrière, au premier chef la France, mais aussi l’Allemagne, qui ont dû subir quolibets, intimidations et insultes des Américains. Et, enfin, agression contre l’Organisation des Nations Unies (ONU), bafouée par une administration Bush l’ayant éconduite dès qu’elle a compris que ses propositions de résolutions légitimant la guerre ne passeraient pas la rampe du Conseil de sécurité, organe décisionnel suprême.
Dans un monde où les pays sont de plus en plus interdépendants, voilà une attitude très dangereuse, déplore cet auteur passionné des enjeux internationaux de sécurité, qui a pu suivre le fil des événements grâce à son engagement à RDI. Jocelyn Coulon démontre, en détail, comment le 11 septembre a scellé le sort de l’Irak aux yeux de l’administration américaine.
Tous les débats autour des inspections et de la présence avérée ou non d’armes de destruction massive n’avaient au fond plus de pertinence tellement les néo-conservateurs entourant Bush entretenaient une idée fixe : se débarrasser de Saddam, même au prix d’exagérer indûment, voire de mentir sur le danger qu’il représentait. Et cela, en n’hésitant pas à engager l’hyperpuissance américaine et son allié britannique dans une partie de bras de fer les isolant du reste du monde.
S’appuyant sur les résolutions de l’ONU ainsi que sur des considérations politiques, l’auteur en conclut que cette guerre n’avait ni légalité en regard du droit international ni légitimité quant à son caractère juste et raisonnable.
« S’il est une leçon à tirer de la crise irakienne, c’est que son histoire ne doit pas être écrite seulement par des individus comme Bush et Blair », termine l’auteur, dans un récit bien écrit que les passionnés de politique internationale liront d’un seul trait.