Depuis Fernando Pessoa, et même avant, il ne manque pas de poètes pour ruminer le long sommeil qu’est l’existence. Dans Labyrinthe 5, Joël Pourbaix ne cache d’ailleurs pas son admiration pour le Portugais, dont il épouse la voie plus contemplative de l’un des personnages-écrivains, Alvaro de Campos. Le poète regarde les oiseaux, des arbres, une fleur tombée de son bougainvillée qui lui rappellent que cette fiction que l’on nomme la vie est passagère, que tout, en somme, est périssable, y compris les mots que l’on prend pour le dire. À la différence de la pose éternellement méditative d’Alvaro de Campos, son stoïcisme est un préambule à son entrée dans le monde. Examiner par la fenêtre les avenues possibles, puis tenter l’aventure. L’on s’attend à ce que l’amour rencontré sur le chemin l’y propulse magnifiquement. Même dans la rue, sur les montagnes en compagnie de l’être aimé, la marche se fait lente. Le poète, empêtré dans ses mots, arrive difficilement à soulever la poussière. Comme si au fond il hésitait à sortir vraiment de lui. Il jongle : « Le silence de nos cadavres ne dissimule plus le cadavre de nos silences » ; « Quand la main devient caverne la caverne devient main » ; retourne comme il peut des expressions éculées comme des vêtements trop petits. Les mots « rien », « silence », « mort », « éternité » et leurs contraires sont lancées sans économie. La profondeur de la « démarche » ne semble pas en cause ici. C’est seulement qu’elle ne traverse pas la paroi des individualités. Le lecteur a-t-il le droit de demander que la poésie le dérange dans son propre sommeil ? Un peu plus de fulgurance ! Un peu moins de convenances !
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