Auteur de plus d’une quarantaine d’ouvrages, Jean-François Somain mérite notre admiration. D’abord parce qu’il publie un livre bon an, mal an, depuis 1966 et, ensuite, parce que, malgré les prix remportés, il demeure relativement peu connu du grand public. Persévérance, acharnement ou passion débordante et incontrôlable pour l’écrit ? Jean-François Somain publiait récemment La vie, sens unique, aux éditions du Vermillon.
La vie, sens unique, c’est avant tout un roman sur l’écriture. Un roman de forme plutôt classique dont la narration, en boucles, relate les nombreuses réflexions d’un écrivain qui a gagné sa vie au service de l’État. Ce dernier raconte l’histoire d’amour de Francis, un de ses collègues, et de la belle, jeune, prude et très contractuelle Marie-Lou. Il s’inspire pour cela du journal personnel de Francis et présente le récit à travers une multitude de digressions entrecoupées de ses propres impressions sur l’histoire qu’il écrit, sur celles qu’il voudrait écrire – et qu’il écrira peut-être -, sur la vie, sur sa vie et sur la vie d’écrivain, sur le processus de création, etc., le tout balançant joyeusement entre fiction et réalité romanesque. Le résultat est un collage d’instants, plutôt anodins, qui forment un tout équilibré, largement agrémentés d’ingrédients biographiques de la vie de Jean-François Somain, mais sans nous perdre et surtout sans tomber dans le mythe désincarné de l’écrivain trop souvent mis en scène dans les romans du genre. L’intérêt de La vie, sens unique – malgré son titre – réside plus dans ses digressions que dans la narration de la fable. Le titre demeure d’ailleurs un mystère dont l’insolubilité persiste.