À quoi servent les archéologues ? Cette question, que pourraient poser de prosaïques fonctionnaires uniquement intéressés par la rentabilité, trouverait sa réponse dans ce très riche catalogue de l’ethnologue Jean-Pierre Hardy, qui utilise les découvertes des archéologues (sans oublier les archives, la correspondance et d’autres sources) pour comprendre les modes de vie des Québécois du début du XIXe siècle, alors que les maisons traditionnelles ne disposaient pas des systèmes de chauffage, d’éclairage électrique ni du confort auquel nous avons droit aujourd’hui, malgré des hivers toujours aussi rudes.
Ce catalogue racontant la vie des gens ordinaires de naguère se subdivise en cinq chapitres bien délimités : l’habitation (sur les types de maisons), le chauffage (les types de poêles), l’éclairage (lampes, chandelles, lustres), le décor (mobilier, revêtements muraux, cadres) et l’hygiène. J’ai particulièrement apprécié le dernier chapitre, consacré à l’hygiène dans le Bas-Canada. On y décrit une foule d’objets usuels d’époque : ici, un lave-mains qui ressemble à une table avec un creux ; plus loin une baignoire portative pour le voyage, ou encore un bassin à barbe, destiné à faciliter le rasage. Les Canadiens étaient en général très propres au début du XIXe siècle, et il arrivait même en certaines occasions que l’on interdît la communion aux hommes barbus ou mal rasés.
Le point faible de l’ouvrage réside dans la qualité de reproduction de certaines illustrations, parfois minuscules et quelquefois trop contrastées (l’Intérieur canadien de Krieghoff, p. 58 ; Boutique du perruquier, p. 112). Par contre, la documentation et la clarté de l’ensemble sont exemplaires ; le lecteur fera beaucoup de découvertes tout en effaçant plusieurs préjugés.