Hubert Mingarelli est l’auteur d’une œuvre discrète mais estimée, comptant à ce jour quinze romans, dont un prix Médicis (Quatre soldats, 2003) et cinq titres parus dans des collections dédiées à la jeunesse. D’inspiration autobiographique, La promesse promène un regard ému sur l’amitié masculine et la relation d’un père et son fils.
Dans ce petit roman aux allures de longue nouvelle, deux récits s’entrecroisent. D’une part, le narrateur décrit une journée dans la vie de Fedia. Contrairement à ses habitudes, Fedia est allé naviguer sans emmener son fils Sachs. Autre fait inhabituel, il est parti muni d’une petite boîte contenant des cendres et réveillant le souvenir d’un lien brisé. Le récit de cette journée est entrecoupé de retours en arrière, jusqu’à l’époque où, longtemps auparavant, naissait l’amitié de Fedia et de Vassili. Apprentis matelots dans une école de mécanique navale, les deux jeunes gens se sont promis de ne jamais se perdre. À l’école de la flotte, la vie n’était pas gaie, l’établissement appliquant une structure militaire. Les deux amis s’en évadaient en allant voir la lune se mirer sur la Baltique, en fumant du haschisch, en fabriquant un avion ou en rassemblant leurs économies pour rendre visite aux « Polonaises » (des prostituées).
Chez Mingarelli, ni les phrases ni les émotions ne sont compliquées. Son écriture, désarmante de simplicité, n’en parvient pas moins, à force de traits sobres, d’ellipses et de non-dits, à soulever une vaste émotion en son lecteur. On verra le petit Sachs faire trois rêves et trois cauchemars, et son père tenter de le consoler avec du melon d’eau ; Fedia faire traverser la rivière à un mystérieux vieillard ou boire du café dans un thermos. Êtres et événements ont des contours peu finis ; on n’en sait pas plus que ce qu’il y a à en savoir. Tout le charme de Mingarelli vient de cette expressive réserve.