Les Québécois n’ont pas (toujours) la meilleure des réputations dans les autres provinces canadiennes. Idée surfaite ? Cliché ou vérité ? Fraîchement diplômée en communication et sans espoir d’emploi, Geneviève Morin accepte faute de mieux de s’exiler dans la « région M. » comme journaliste pour l’hebdomadaire francophone régional Le Franco.
Elle ne sait rien de la région et n’est pas particulièrement intéressée à en connaître davantage. Une vraie « maudite Québécoise » qui débarque et qui n’a qu’une hâte : s’en retourner chez elle après une année d’expérience dans un médiocre média pour qui l’objectivité équivaut à vanter tout ce qui se passe chez les Francos-M.
Rapidement, elle s’acoquine avec d’autres Québécois qui se réunissent au Keg pour le cinq à sept du jeudi soir. Ils se sont donné le doux nom de « Backbiters » et s’amusent ferme à dévaloriser leur nouvelle patrie.
L’opposition entre les Francos-M. et les natifs du « royaume Q. » anime tout le roman et lui donne tout son sel. Geneviève chemine néanmoins dans son nouveau milieu, commettant quelques impairs, mais aussi s’éveillant à une autre façon d’être francophone. Si Vincent, son premier amant, est un Québécois, le second, Roger, qui porte le même nom de famille qu’elle, l’incite à regarder autrement ce qui l’entoure.
La plume de Janis Locas est vive, nourrie par un humour qui peut être grinçant quand il relate la façon dont les Québécois perçoivent les gens de la localité. Leurs préjugés sont nombreux et touchent les différentes facettes de la vie. Tout y passe : la langue, l’absence de critique, la dépendance aux subventions, la petitesse de la population, l’importance des Québécois dans les milieux culturel et médiatique, l’assimilation, la crainte de la séparation du Québec (Geneviève est indépendantiste)
Le roman est divisé en deux parties qui se complètent. La première est axée sur le sentiment d’étrangeté de Geneviève, tandis que la seconde nous montre son adaptation à ce milieu d’une façon fort amusante. Un peu comme les deux faces d’une pièce.
Cette « maudite Québécoise » ne l’est finalement pas tant que ça. Et là est la finesse du roman, dans la façon dont la perception de Geneviève change. Il est vrai qu’elle est vraiment amoureuse de Roger et qu’on lui a offert une belle job à la télévision. Il y aura d’autres années.