Ollivier Dyens, professeur au Département d’études françaises de l’Université Concordia, tente de démontrer dans cet essai que la technologie ne change non pas l’humain, mais la façon de le percevoir. L’objectif de ce type d’ouvrage consiste à faire un pont entre les technologies et l’humain afin de comprendre et d’analyser les paradigmes à venir. Toutefois, si la question de départ suscite une certaine curiosité, l’auteur réussit le tour de force de noyer l’intérêt du lecteur par une connaissance approximative des sujets abordés et une argumentation au lien ténu.
Le premier défi de ce type d’ouvrage réside dans la définition que donne l’auteur des sujets abordés. Ici, sans une connaissance approfondie, point de salut. Dans ce cas-ci, la définition de l’humain relève d’une vision réductionniste – il faut lire le passage sur la parole pour s’en convaincre. De plus, comme prémisse à son exposé, Ollivier Dyens présente l’humain comme étant essentiellement un système nerveux capable de percevoir son environnement uniquement grâce à ses cinq sens. Quant à la notion de technologie, l’auteur ne fait que l’embrasser d’une façon confuse et malhabile, oblitérant dans son analyse tous les problèmes dont elle est la cause pour se concentrer uniquement sur ses bienfaits. Mais là où le bât blesse, c’est dans la façon qu’a l’auteur de fréquemment confondre technologie et technique. Pour saisir la première, il faut saisir la seconde, et la lecture des ouvrages du sociologue Jacques Ellul et de l’historien Lewis Mumford sont en ce sens des incontournables qui brillent par leur absence dans la bibliographie de cet essai.
Au fil des pages, l’auteur essaye de convaincre le lecteur du bien-fondé de sa thèse en présentant de façon succincte une série d’arguments approximatifs, les emboîtant tant bien que mal les uns dans les autres. Malheureusement, le peu de profondeur dont il fait preuve dans sa réflexion suggère une connaissance insuffisante, voire boiteuse des sujets abordés. Au final, sa pensée s’étiole au point de ne ressembler qu’à un amalgame d’idées sans fondement véritable. Un livre qui permet surtout de comprendre qu’un pont ne peut être construit sans une très grande connaissance de la géographie dans laquelle il s’inscrit.