Quelle belle idée d’avoir rassemblé les meilleurs poèmes québécois sur la mort ! Parce que dans la mort, c’est surtout la vie qui s’exhausse, l’indignation devant la fin, la révolte, la douleur. En ouvrant le recueil, on croit entrer dans un univers glauque, noir comme la couverture cartonnée du livre, mais ce sont des voix au plus près du battement du cœur que l’on entend. François Hébert s’est d’ailleurs amusé à glisser ici et là des textes un brin insolents, comme « J’partirai » d’Alexis Lefrançois, qui donne son titre au recueil : « [J]’partirai comme un pet / sur une toile cirée bien / content rasé peigné lavé du spray / dessous les bras puis du parfioume / su’l’bout du nez souriant béat / du sourire imbécile éternel et figé / de l’embaumé content que travailla l’Urgel ». D’autres, comme le grand Jacques Brault, nous amènent sur le versant douloureux de la perte, avec « Suite fraternelle », un poème sur son frère mort « pour l’Honneur » : « Maintenant je sais que tu es mort avec une petite bête froide dans la gorge avec une sale peur aux tripes j’entends toujours tes vingt ans qui plient dans les herbes crissantes de juillet ». Au total, cent poèmes ont été choisis parmi tout le répertoire québécois, depuis François-Xavier Garneau (1809-1866) meilleur historien que poète et Octave Crémazie (1827-1879) jusqu’à Yannick Renaud et Steve Auger, nés à la fin des années 1970. Comme dans tout florilège, certains choix et certaines omissions paraîtront discutables, mais, de dire François Hébert, il s’agissait de sortir des « classiques » pour proposer un panorama inédit ; mission accomplie. Chaque poème est accompagné d’un texte explicatif, d’un propos inspiré ou simplement d’un note biographique signée par Hébert, ce qui a cependant le défaut nous ramener à terre. Au lecteur de lire ou non les commentaires.
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