Après David et les autres (2008) et Thomas est de retour (2010), Donald Alarie nous revient, toujours chez XYZ, avec J’attends ton appel. Dans ce troisième titre de ce qui se lit désormais comme une suite romanesque, les lecteurs retrouveront plusieurs des personnages déjà rencontrés dans les deux précédents : David, son ami Antoine, sa fille Annie, son petit-fils Benoît et Thomas, le père de l’adolescent, dont les touchantes retrouvailles étaient au cœur du second roman. Cependant, la trame de ce nouvel opus tourne essentiellement autour de Yolande, la « visiteuse » entrevue dans Thomas est de retour, et de Colette, un nouveau personnage qui fera son apparition dans la vie de David.
À l’aube de la soixantaine, David poursuit sa double vie : homme à tout faire très apprécié de sa clientèle dont il prend grand soin et écrivain discret. Mais voilà qu’il commence à refuser certaines tâches, se jugeant moins apte à bien les mener. Voilà aussi qu’il ressent davantage le poids des ans, non sans garder cette façon de voir un peu ironique qui le caractérise. « Quand je m’amusais dans la rue avec mes copains, je ne savais pas qu’un jour je serais si vieux… De toute façon, si on me l’avait fait remarquer, je ne l’aurais pas cru ! » À sa manière contemplative, il continue aussi d’observer la vie et les gens qui l’entourent. Les confidences amoureuses de son petit-fils le surprennent par leur candide intimité. Les relations entre sa fille et le père de Benoît lui semblent un peu étranges. Son ami Antoine, qui va d’une femme à l’autre depuis toujours, l’étonne encore. « Antoine et moi, nous avons vieilli, mais avons-nous vraiment changé ? Je ne me souviens plus qui a écrit que vieillir est l’occasion de devenir vraiment qui nous sommes. »
La belle et sensuelle Yolande l’aidera-t-elle à devenir vraiment ce qu’il est ? Pourra-t-il se contenter de ses visites impromptues et épisodiques, sa petite valise à la main. « Une petite valise qui signifiait qu’elle était peut-être là pour quelques jours, mais pas plus. On ne peut pas mettre toute sa vie dans une si petite valise. » Ou alors la présence de Colette, chez qui il effectuera des travaux, prendra-t-elle un autre sens ? Cette fois, David ne pourra plus se laisser porter par les événements…
Avec son écriture toute en pointillé, Donald Alarie nous propose une plongée étonnante au cœur des émois amoureux d’un homme à la croisée des chemins entre la maturité et la vieillesse qui s’annonce, entre un bonheur d’occasion et un attachement tranquille. Rarement dans notre littérature le désir et la sexualité des cinquantenaires et des sexagénaires ont-ils été abordés avec autant de simplicité et de finesse. Et puis, quel plaisir de retrouver la petite musique inimitable d’Alarie… On ne peut qu’attendre avec impatience de revoir David, Benoît, Thomas, Yolande, Antoine, Colette et Annie dans un prochain roman !