La quintessence d’un carnet d’observation de la nature bien nourri depuis plus de quarante ans, de la part d’un grand historien des événements du commun et de l’ordinaire.Avec l’irremplaçable Les quatre saisons dans la vallée du Saint-Laurent (Boréal, 2010), un ouvrage dont la publication en tomes successifs avait débuté en 1980, Jean Provencher a posé les bases d’une histoire de la vie quotidienne au Québec. Mais l’historien ne s’intéresse pas seulement à l’existence concrète de ses congénères. Il est depuis toujours un passionné d’observation de la nature et, depuis 2011, son site Web interactif (jeanprovencher.com) accorde une place de choix à l’environnement naturel. Dans son dernier essai, intitulé Histoires naturelles, Provencher concocte avec beaucoup de sensibilité un collage de scènes croquées sur le vif, pour ainsi dire sur le pas de sa porte.Provencher prend le parti d’un commentaire à la fois candide et informé. L’auteur s’émeut d’événements infinitésimaux : une libellule semble l’examiner « avec ses yeux qui peuvent compter chacun jusqu’à 30 000 facettes » ; il prend plaisir à « voir à son bain » une mésange à tête noire ; il admire l’instinct de conservation de l’Argiope aurantia, une araignée qui pond ses œufs avant l’hiver, prévoyant que quelques-uns survivent à la saison froide. Un jour, l’auteur s’attache à une abeille esseulée. L’insecte meurt, ressuscite, meurt à nouveau et aura finalement droit à une inhumation empreinte de respect. Le propos du livre n’est pas uniquement impressionniste, les espèces végétales et animales observées sont la plupart du temps identifiées par leur nom scientifique. De plus, presque chaque page de l’ouvrage est illustrée d’une photo due à l’auteur.À force d’observer la nature d’aussi près, Provencher finit par y voir « un miroir tendu vers soi ». Il y voit l’occasion d’acquérir une conscience plus nette et mieux sentie de faire partie, comme tous les autres représentants du vivant, d’un même tissu fragile. Dans son élan empathique, il peut arriver que l’auteur se laisse aller à des appréciations qui font sourciller. Ainsi, il dira à propos des tarins des pins : « Aucune loi de la nature ne les enferme. Ils sont maîtres de leur vie ». Attribuons à la licence poétique ces petites entorses à la raison. Nous sommes bien loin, ici, du rigorisme littéraire que l’on retrouvait par exemple dans les Histoires naturelles du Nouveau Monde du poète Pierre Morency. Le ton résolument familier et enjoué de Provencher sonne comme une invitation cordiale à cheminer avec lui, de surprise en surprise, à découvrir les innombrables beautés cachées d’un monde qui sait se révéler à tout regard attentif.
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