Gilles Hénault (1920-1996), poète de la génération du Refus global, publiait son premier poème, « L’invention de la roue », en 1941. En 2006, les éditions Sémaphore publiaient l’ensemble de sa poésie, sous le titre Poèmes 1937-1993. Graffiti et proses diverses constitue le deuxième volume de l’œuvre complète d’un des initiateurs de la poésie moderne au Québec.
Poète, critique d’art, traducteur, journaliste (à La Presse, au Devoir, etc.), enseignant à l’Université du Québec à Montréal, Gilles Hénault, qui a aussi été directeur du Musée d’art contemporain de Montréal entre 1966 et 1971, a été, sa vie durant, d’une incorrigible curiosité artistique. C’est toutefois grâce à sa poésie qu’il s’est distingué. Il s’est mérité, en 1962, le prix du Grand jury des Lettres pour son recueil Sémaphore, le prix du Gouverneur général du Canada, en 1972, pour son recueil Signaux pour les voyants et, finalement, a vu l’ensemble de son œuvre reconnu en 1993 par le prix Athanase-David.
Graffiti et proses diverses, comme bien des projets de publication d’œuvres complètes, contient des textes d’inégale valeur, ce qui nuit à l’intérêt de l’ensemble. Cela dit, certaines parties du recueil sont tout à fait fascinantes, particulièrement la cinquième partie, intitulée « Graffiti ». Certains de ces graffitis semblent nés d’un croisement entre le défaitisme d’un Cioran et le sens de la formule d’un La Rochefoucauld moderne : « Les idées sont comme les chiens : Elles sont dangereuses lorsqu’on les craint » ; « Les lieux communs sont les plus fréquentés » ; « Le présent vient de loin, il n’est pas né d’hier » ; « Ta prunelle m’enivre, tu m’en verses encore une larme ? » C’est, à n’en pas douter, dans ces bribes de textes, à la facture, bien entendu, inachevée, qu’apparaît tout le talent de Gilles Hénault.