Fondée en 1995, la revue de poésie EXIT poursuit son aventure en exposant et en interrogeant l’acte poétique. Celui-ci est essentiellement une ouverture sur l’Autre, le monde, et il en renouvelle les fondements. Il peut, aussi, en montrer les misères comme nous le dit Mireille Cliche « dans les pages du monde! / roulent tant d’images brûlantes ! / et de puantes résignations ! / collage de souffrances ! / pour voyeurs infatigables ».
On nous parle, également, dans ce vingt-deuxième numéro, de « crise de la poésie », de son rapport avec la langue et la société dont elle émane. Et, plus particulièrement, de la naissance et du rôle de l’imaginaire. David Cheramie compare la littérature ‘ et plus spécifiquement la poésie ‘, à un « chaman » qui peut exorciser nos ténèbres post-technologiques. La poésie a ainsi ce pouvoir de faire surgir avec créativité les contradictions de ce que Sartre appelait le « pratico-inerte », le Réel.
En troisième et dernière partie du numéro, un entretien avec Josée Acquelin, Paul Chamberland, Louise Dupré et Pierre Nepveu animé par Denise Brassard, porte sur les formes de la Parole qui est définie ici comme « plurielle ». On y explore la dialectique existant entre la poésie, l’essai, l’engagement social, la dissidence ou comment la poésie peut être très proche des contradictions vives d’une société à un moment donné de son histoire et même, ultimement, la porte d’entrée de toutes formes de réflexions critiques. Comme nous le dit Paul Chamberland : « Mais il y a pour moi, assez nettement, une sorte de priorité de la poésie comme discours, comme acte de parole en somme, et bien entendu acte d’écriture. »
Toujours est-il que la poésie se poursuit sans cesse comme expérience primordiale, comme « urgence »…