Stefan Psenak a 32 ans, une dizaine de livres (recueils de poésie, pièces de théâtre, romans pour la jeunesse) derrière lui, le Prix Trillium pour Du chaos et de l’ordre des choses. Il vient de faire paraître un nouveau recueil de nouvelles. C’est un jeune écrivain dont la carrière est amorcée avec succès.
Son nouveau recueil est composé de douze nouvelles qui semblent englober l’existence, qui n’essayent pas de l’expliquer mais de la rendre plus proche, de la montrer dans sa fugacité, sa fragilité. On y côtoie des immigrants et des vendeurs de drogue, on y écoute les silences, les hésitations, on s’étonne devant d’étranges décisions, alors que celui qui hésite sur réalité de son existence a finalement l’impression d’avoir trouvé la faille pour y entrer. Car ce sont les failles, les fuites, la fragilité des instants qui sont mis en valeur dans ce recueil, qui font entrer le lecteur dans la peau des personnages et le poussent, malgré un fréquent sentiment d’impuissance, à relire ces textes dans le vain espoir qu’il trouvera les réponses à ces éternelles questions.
Une de ces nouvelles, « Les douze stations du jour (notes à l’intention des humains qui habitent le territoire occupé par l’amour) », illustre très bien cette fragilité, nos petites victoires ainsi que nos défaites. Il faut : « Marcher en lisant un livre de poésie et en mettant bien en évidence les seins de la fille sur la couverture pour décourager les snipers de vous abattre. […] Pendant qu’on fait l’amour, garder en tête qu’elle vient elle aussi d’échapper aux snipers et qu’il y a quelque chose de profondément excitant dans le fait de défier ainsi la mort.[…] Survivre jusqu’à ce qu’il ne reste plus que vous deux et le recommencement du monde pour seule perspective. »