« La beauté de Prague est tout ce qu’il y a de plus authentique », affirme Tecia Werbowski, écrivaine polono-tchéco-québécoise. Difficile de ne pas être d’accord avec ce prologue. Difficile aussi de ne pas suivre avec plaisir le regard amoureux de l’auteure sur sa ville de prédilection. Dans Entre espoir et nostalgie, l’auteure utilise Prague comme personnage, décor ou accessoire de ses grands artistes. « Kafka rentre à la maison, rue Celetna, portant son chapeau melon et son costume noir. »
Werbowski demeure cependant réaliste et pragmatique, commentant sans complaisance son retour à la maison – elle a habité Prague enfant et elle y séjourne souvent depuis 1990. Telle une suite à Ich bin Prager, son roman Entre espoir et nostalgie semble commencer là où finissait le précédent. Au-delà de la finesse des descriptions, elle allie la vraisemblance à la justesse de ses personnages, dont quelques-uns sont bien réels, explique-t-elle. « Je n’ai pas su la raison pour laquelle on m’avait arrêtée ni ce qui avait amené ma libération, mais j’ai bien sûr chéri ma nouvelle liberté. » Et encore : « Partout il y a une chasse aux sorcières : des enquêtes pour savoir qui a été membre actif du Parti communiste, le congédiement d’innocents »
La réalité n’étant jamais bien loin de la fiction, Werbowski dédie son œuvre à Roman Polanski, tout en y défendant Kundera, ce dernier étant en effet mêlé actuellement à une trouble histoire de délation. « Est-ce Kundera qui a appelé la police ? Est-ce Kundera et sa ferveur communiste de jeune membre du Parti ? » Elle conclut : « […] des spéculations et des discussions sans fin avaient suivi ce scandale politique et littéraire ». Dossier douteux, calomnie ou campagne ordurière ? Il est vrai qu’il y a un gouffre infranchissable entre une délation et un viol, mais l’arrestation de Polanski en Suisse à l’automne 2009 introduit un brin d’ironie toute slave dans l’air.