« Toutes les phrases peuvent commencer comme ça : Éléonore est mais rien n’y fait. Éléonore est un Graal qu’on ne trouve pas. » Magnifique récit dédié à sa fille, Échographies de Martine Delvaux avance par fragments regroupés en sept chapitres qui retracent les premiers balbutiements d’une vie.
Tout au long de sa grossesse et durant les premiers mois de la petite fille, l’auteure écrit l’émerveillement et l’angoisse ressentis devant ce long désir d’enfant devenu soudain réalité. Cet embryon qui pousse dans son ventre, ce nouveau-né qui bouleverse ses nuits, cette fillette qu’elle regarde avec un amour absolu, c’est à la fois Éléonore, vivante, réelle, et le mythe d’Éléonore, écrit sur la page blanche. Puisque l’enfant blonde aux grands yeux bleus « est un Graal qu’on ne trouve pas ». À l’image de l’écriture, sans cesse poursuivie mais jamais tout à fait trouvée, capturée, maîtrisée.
Martine Delvaux explore ainsi les chemins de la création, celle d’une vie comme celle de la littérature. Mais, à l’inverse d’une Nancy Huston qui établissait également, dans son Journal de la création, un parallèle entre la grossesse et la naissance d’un enfant et la gestation d’une œuvre, Delvaux ne « réfléchit » pas à ce parallèle ; elle l’écrit tout simplement. Le récit des débuts de la vie d’Éléonore devient l’acte même de création littéraire. Fin, sensible, poétique.
Un beau récit à déguster lentement, fragment après fragment.