Voilà plus de vingt ans que l’on parle d’Haïti dans la presse quotidienne et dans une myriade d’études publiées à l’intérieur ou à l’extérieur de ce pays souffrant de l’échec de l’État. Le dernier en date, L’énigme haïtienne, vient de sortir dans une coédition de Mémoire d’encrier et des Presses de l’Université de Montréal.
Son auteur, Sauveur Pierre Étienne, a fait un doctorat en science politique à l’Université de Montréal. Il est actuellement à Paris en tant que chercheur post-doctoral au laboratoire Genèse et transformation des mondes sociaux de L’EHESS-CHRS.
La complexité scientifique de cet ouvrage en rend la lecture difficile pour celui que la question intéresse dans une moindre mesure. Cependant, il faut reconnaître que c’est un travail de titan qu’a accompli ce chercheur. Plus encore, quoique ayant milité au sein d’un important parti politique en Haïti, l’auteur montre une grande objectivité et c’est là un très bon point.
Sauveur Pierre Étienne envisage avec méthode les problèmes de son pays natal du point de vue de l’histoire, de la sociologie et de la science politique. Ses considérations remontent à 1697, l’année où l’Espagne cède à la France la partie occidentale de l’île d’Hispañola, passent par la période pré-indépendance, la naissance de la République nouvelle, un État bancal, et la période contemporaine marquée par la première occupation américaine du territoire national. Au fil de ce parcours, il apparaît que l’effondrement actuel de cet État se dessinait depuis déjà longtemps.
Comment alors rétablir, ou simplement établir les choses ? Comme beaucoup de ses prédécesseurs, l’auteur propose des solutions, mais ce qui ressort surtout de son discours, c’est l’idée d’une Haïti pour tous les Haïtiens, l’idée d’une société inclusive donc, dans laquelle les individus deviendraient des citoyens à part entière Suvrant collectivement à cette entreprise nationale.