Voici un recueil de nouvelles « engagées ». Les dix-sept histoires qui le composent sont consacrées à la défense et l’illustration du vin, présenté sous un jour contemporain. Galatée Faivre appartient à une vieille famille de vignerons. Consternée par le lobby antialcool qui s’insinue en France depuis peu et qui lui paraît « pré-prohibitionniste », elle estime qu’il est temps de redécouvrir le plaisir du divin breuvage et de se défaire de peurs injustifiées (se tromper dans le choix d’une bouteille, ne pas savoir reconnaître le goût du bouchon ou d’un grand millésime, développer un cancer, devenir alcoolique ).
D’un point de vue narratif, le plaisir de lire ce texte est modeste. L’auteure privilégie des intrigues conventionnelles impliquant des personnages vite esquissés. Souvent réductibles à leur prénom et à deux ou trois traits de personnalité, ces Amandine, Virginie, David, Merlin et autres épicuriens ou « néo-connaisseurs » de la vigne réapparaissent d’un récit à l’autre, comme chez Balzac, mais sans la plume de Balzac. L’écriture, qui ne comporte ni maladresses ni prouesses majeures, laisse froid. Divine ivresse ne fait pas partie de ces livres qui révèlent des talents nouveaux. Mais il n’est pas donné à tout le monde de s’appeler Jay McInerney, dont la traduction française des écrits sur le vin se fait toujours attendre.
D’un point de vue argumentatif en revanche, le livre de Faivre passera moins inaperçu. Faivre explore différentes facettes de l’art de vivre contemporain : la séduction, la gastronomie, la diététique, le voyage Tout est prétexte à des mises en situation dans lesquelles le vin est le seul protagoniste qui compte, et où l’auteure, qui s’entend mieux à l’Snologie qu’à la littérature, fait bénéficier le lecteur de son évidente expertise. Aux meilleures pages de son livre, Faivre fait œuvre de vulgarisatrice et fouette le sang, toute « rêverie dionysiaque » ayant un pouvoir de propagation. Que devient une tribu sans son alcool local ? Pas davantage que Virginie, auteure d’un article sur une France sans vin en 2050, on ne souhaite voir la fin de la viticulture française. Si Faivre s’était tournée vers la forme de l’essai, de toute évidence mieux assortie à son propos, nul doute que Divine ivresse eût été davantage enivrant.