Voici un livre pour les spécialistes et les étudiants de science politique et de relations internationales. Les auteurs, professeurs et étudiants en études supérieures, ont travaillé à un projet de recherche sur la politique étrangère et la réaction de sept pays à la suite de l’intervention américaine en Irak : la Russie, la Chine, la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne et le Canada.
Le cas canadien est intéressant, voire amusant. Car c’est l’apparent manque de leadership du gouvernement face à cet enjeu qui lui a finalement permis de ménager la susceptibilité américaine et de ne pas trop souffrir de son opposition à la politique de son voisin. Soucieux de ne pas piquer l’orgueil de notre principal partenaire commercial, ce dernier fort préoccupé de sa sécurité depuis le 11 septembre, Ottawa a tergiversé, patiné, louvoyé. Mais cette ambivalence s’est révélée payante, en ce que, bâtie petit à petit, tout doucement, sans brusque mouvement, la politique canadienne a moins irrité le gouvernement Bush qu’une opposition plus ouverte. « Dans ce contexte, l’ambivalence – voire parfois les contradictions – du gouvernement Chrétien permit d’étirer l’élastique des relations canado-américaines au maximum sans pour autant le rompre. »
Un même profil bas a animé le gouvernement chinois, qui a cherché à s’allier les États-Unis dans sa guerre aux mouvements d’opposition violents sur son propre territoire, mais sans s’aliéner le gouvernement Bush dans sa volonté d’en découdre avec Saddam Hussein : la Chine a pris une position neutre au Conseil de sécurité de l’ONU. Voilà une attitude qui tranche avec celles de la France, frondeuse, gaullienne, et de la Grande-Bretagne, alignée sur celle de la Maison-Blanche.
On retient de l’ouvrage qu’au-delà des intérêts propres à chacun des États, une conception résolument axée sur le multilatéralisme, sur les valeurs à promouvoir pour le monde de demain, ont joué un rôle de premier plan.