Durant la Seconde Guerre mondiale, les correspondants étaient de tous les combats, souvent aux premières loges, armés d’un micro ou d’une machine à écrire, rapportant parfois au risque de leur vie les faits d’armes de leurs armées respectives. Le livre d’Aimé-Jules Bizimana permet de retracer l’histoire des journalistes canadiens-français qui ont suivi les événements tout au long du conflit. Construit à partir de leurs reportages, carnets personnels et correspondance, il dresse le portrait et retrace le quotidien de ces correspondants de guerre envoyés par la Canadian Broadcasting French.
Ils étaient sur tous les fronts : de Dieppe à Berlin en passant par l’invasion de la Sicile, la campagne d’Italie et le débarquement de Normandie. Il faut dire qu’être journaliste à cette époque n’était pas chose facile. Les reportages étaient enregistrés sur de fragiles microsillons qu’il fallait ensuite faire parvenir au poste de transmission, parfois au prix de longues randonnées sur des chemins peu sûrs. Pour permettre à ses journalistes de suivre les différents corps d’armée, la CBF s’était équipée d’un camion d’enregistrement à la fine pointe de la technologie, permettant l’enregistrement sur place des reportages et des sons ambiants.
Malgré toutes ces difficultés, ils réaliseront des prouesses et leurs reportages seront diffusés à travers le monde. Comme la couverture que fit Marcel Ouimet de la bataille de San Marco, durant la campagne d’Italie : « Au milieu de l’action, micro baladeur en main, il décrit l’affrontement comme s’il s’agissait d’un match de football et son récit s’accompagne du crépitement des mitrailleuses et du sifflement des balles et des obus de mortiers ». Ces journalistes seront des pionniers en la matière, comme le démontre Benoît Lafleur lorsqu’il parvient à obtenir une entrevue avec le pape Pie XII qui s’exprimait pour la première fois autrement que par Radio Vatican.
Plonger dans l’histoire des correspondants canadiens-français de la Seconde Guerre mondiale, c’est découvrir les débuts du service de l’information en français, de ce qui allait devenir Radio-Canada. Et c’est aussi apprendre que l’armée canadienne fut bien plus active que certains livres d’Histoire pourraient le laisser entendre. Fascinant.