Noam Chomsky est professeur au Massachusetts Institute of Technology (MIT) ; il est par ailleurs très connu pour ses travaux de linguiste et, surtout, comme « militant libertaire ». Originaire de Philadelphie – il y est né en 1928 -, il a marqué notre époque par sa critique des médias contemporains et de la politique extérieure américaine. Son approche de l’anarchisme est large : il mentionne qu’il s’y est intéressé dès qu’il a commencé à s’« ouvrir au monde » Dans De l’espoir en l’avenir, il passera au crible tout ce qui apparaît comme une « domination arbitraire », et cela vaut pour tous les aspects de l’existence, afin de valoriser la liberté qui nous appartient en propre. C’est dire que les formes d’autorité, peu importe à quel niveau elles se situent, ne sont en soi aucunement « légitimes ».
L’anarchie, contrairement aux idées reçues, n’est pas le chaos Elle implique une réorganisation de l’existence : de la vie quotidienne au monde du travail, jusqu’à l’État en passant par toutes les couches de la société civile, en mettant la créativité et la liberté au premier plan. Selon Chomsky, nous serions dominés par de « fausses représentations » issues de la concentration des pouvoirs. Le système mercantile de notre univers capitaliste est instauré par les grandes corporations qui exercent un contrôle excessif tant sur l’économie que sur les autres sphères de la société, du politique à la culture. Sur ce plan, le « socialisme libertaire » acquiert toute sa pertinence par rapport au « capitalisme industriel » qui serait de tendance « totalitaire ». « Je ne crois pas être assez savant ou assez informé pour faire des prédictions, affirme Chomsky. Mais, à mon avis, on peut quand même dire qu’il est évident que le capitalisme industriel tend à la concentration du pouvoir au sein d’empires économiques restreints, qui ressemblent de plus en plus à l’État totalitaire. Ces tendances existent depuis longtemps, et je ne vois rien qui puisse vraiment les arrêter. Je considère que ces tendances vont se maintenir, car elles font partie de la stagnation et du déclin des institutions capitalistes. »