L’ouvrage d’Yvan Perrier tente de retracer l’évolution du régime de négociation dans les secteurs public et parapublic au Québec, tout en proposant une réflexion sur les enjeux théoriques et politiques que soulève l’action combinée de l’État employeur/législateur. Pour l’auteur, la régulation étatique des rapports collectifs de travail depuis le milieu des années 60 s’est scindée en deux « cycles disciplinaires » qui rendent compte du passage, autour de la promulgation des lois 37 et 160, d’une « libre contractualisation » à une « négociation factice » dans la période actuelle. Au centre de ce parcours : la régularité des interventions de l’État pour restreindre le libre exercice des droits de grève, d’association et de négociation. Mais comment comprendre cette évolution ? Il nous faut revenir sur les limites des analyses de la « confusion » des rôles au sein de l’État (employeur et législateur) nous dit l’auteur, en cerner les fondements et en dévoiler la cohérence politique autour de la réhabilitation du concept d’« État bourgeois ». Ainsi, on serait à même de « dissiper les nombreuses fictions » entretenues sur l’État quant à la compréhension des rapports de force concrets et à l’explication de la dynamique réelle qui se joue entre l’État et ses employés.
Ce livre demeure cependant trop près de la thèse universitaire. Toujours dans un esprit de synthèse, l’auteur aurait gagné à renforcer son argumentation critique tout en allégeant les parties concernant les aspects tant institutionnels que théoriques de la problématique des négociations dans le secteur public. Par contre, chose intéressante, Yvan Perrier n’hésite pas à faire un bilan critique en questionnant tant la stratégie que les moyens de l’action syndicale lors de la dernière ronde de négociations. Dans l’optique d’un « retour à la mobilisation », il insiste sur la nécessité d’un recours à la démocratie syndicale de même qu’à la conscientisation politique et avance en ce sens des propositions globales quelque peu audacieuses concernant l’unité et l’élargissement de l’action syndicale.