La neige, le froid. Vigneault les a chantés et Jean-Paul Kauffmann les a affrontés en Courlande, terre balte de Lettonie. « J’avais compris que je ne connaîtrais jamais la vraie Courlande sans y attendre l’hiver. » Il l’a alors patiemment attendu au bord de la mer Baltique. « La neige a cintré toutes les formes. À la nuit tombante, le blanc crémeux prend une couleur nacrée, puis gris fer. »
Cette histoire commence au Québec, dans les années 1960, alors que l’auteur y est coopérant. Années de toutes les audaces et de toutes les ruptures. « La Belle Province sortait de deux siècles d’obscurantisme. » Un béguin avec une blonde Courlandaise croisée à Montréal est à l’origine du roman. Puis, Kauffmann retourne en France, Mara quant à elle reste à Montréal.
Fin du premier temps.
Dans les années 1990, le reporter Kauffmann est envoyé en Courlande par un magazine de voyages. Heureux hasard. Ses doux souvenirs de Mara en tête, il part à la découverte de cette nation indépendante du « grand frère russe » depuis 1991. « Que pouvez-vous tirer d’une région de Lettonie qui a perdu son identité depuis 1945 ? La Courlande n’a plus d’existence propre », lui dit-on. Kauffmann insiste et persiste.
En douceur et en demi-teintes, le fin observateur nous entraîne dans ce pays tragique au charme infini, riche de légendes et d’interdits. Son récit de voyage prend forme, la grande histoire renaît et mille histoires fascinantes ‘ contemporaines ou pas ‘ fleurissent. Le journaliste d’alors est aux aguets. Le voyageur et l’écrivain d’aujourd’hui croise les chevaliers teutoniques, les barons baltes et les nombreux fantômes laissés par les guerres qui y ont eu lieu.
En 2001, Mara se manifeste, comme si elle faisait partie d’un scénario dont elle anticipait les secrets. Pour mille raisons, l’article de Kauffmann ne sera jamais publié, ce qui lui donnera un deuxième souffle : Courlande, le livre.