Je suis peut-être un peu vieux jeu, mais je suis encore un tantinet décontenancée par l’impudeur de certaines auteures, Cusset et autres Angot. Comme un examen attentif de la page de couverture le révèle, Confessions d’une radine n’est en effet pas un « roman », ni même un « récit ». Juste des confessions. Et il n’y a pas de quoi être fière
Catherine Cusset nous confie comment elle volait dans les magasins étant enfant pas pour le frisson, simplement pour avoir des choses gratuites. Comment le calcul, la mesquinerie et la petitesse lui ont de toute éternité pourri la vie et pollué les relations interpersonnelles. « Je suis radine mais j’aimerais ne pas l’être. La première victime de ma radinerie, c’est moi », avoue-t-elle. On la comprend ; finalement, elle ne vit qu’à moitié et, à l’orée de la trentaine, ça commence visiblement à lui peser : « Récemment je me suis aperçue que j’aurais aimée être née cigale ».
Et puis ? Tant de pusillanimité sur la place publique, c’est démoralisant. Déprimante aussi, la pingrerie d’une plume parfois à la limite de l’incorrection. Et pourtant je l’ai lu de bout en bout, ce fichu livre, avec une sorte de plaisir morbide, en plus. Voyeuse, moi ? Avant cela, j’aurais dit non ; et finalement, oui, mais c’est la faute des plumitifs exhibitionnistes qui se montrent exprès sous leur plus mauvais jour pour qu’au choix, soit on se reconnaisse en eux, soit on ait la sordide satisfaction de se dire qu’après tout, on est bien mieux que « ça »
Quoi qu’il en soit, on ne peut qu’espérer que ses confessions auront un peu aidé Catherine Cusset à devenir cigale ; en tout cas, elle en aura les moyens, avec tous les naïfs qui, comme moi, s’y laisseront prendre et ne dédaigneront pas une petite distraction à dix cents la page.