Des textes très courts, ciselés, sans un mot de trop. Une langue juste, simple, souvent poétique pour raconter des histoires banales. Les vingt-deux nouvelles de Concertina ont mérité à Paola Pigani le prix Prométhée de la Nouvelle créé afin de promouvoir de nouveaux auteurs d’expression française et de développer le goût de la nouvelle auprès des lecteurs. D’ascendance italienne, Pigani, éducatrice de jeunes enfants, a déjà publié plusieurs recueils de poésie.Concertina est sa première incursion dans la fiction.
Le titre renvoie à l’une des nouvelles du recueil et représente fort bien le lien qui unit l’ensemble des textes. La concertina, en effet, n’a rien d’une musique de chambre mais fait référence, dans le langage carcéral, au fil de fer barbelé qui entoure les câbles de protection des pénitenciers. Mais si ces barbelés symboliques restreignent les mouvements – aller chez l’autre, le laisser entrer, sortir de soi -, ils ne peuvent toutefois empêcher le regard, le souvenir, l’émotion. Pour reprendre les mots mêmes de Marie Rouanet dans sa préface : « Tous les récits tournent autour de ces passages pas tout à fait réussis, pas totalement manqués ». Dans « Le jour des bonbons », une jeune fille poursuit ses activités habituelles avec les enfants du couple dont elle doit s’occuper tandis qu’un drame éclate ailleurs dans la maison. Dans « Concertina», une femme supporte les huit mois de détention qui lui restent grâce à un bol de céramique identique à celui que, plus jeune, elle avait offert à son grand-père. Dans « Haute voltige»,un père renouera le fil du lien perdu avec sa petite fille grâce au ballon rouge qui s’est envolé vers l’échafaudage où il lave les vitres d’un immeuble entre ciel et terre. Dans « Les escargots », une mère retrouvera son fils trop tôt disparu en découvrant par hasard un dessin d’escargot.
Vingt-deux nouvelles où l’émotion, sans mièvrerie aucune, nous prend à la gorge. Des textes à lire et à relire au compte-gouttes pour en savourer toute la force. Si ce prix Prométhée de la Nouvelle, créé en 1988, a pour objectif de donner le goût de la nouvelle, le recueil de Paola Pigani gagne son pari.