Mark Billingham, qui s’est d’abord fait connaître au Royaume-Uni comme acteur, scénariste et humoriste, s’est vite taillé un nom dans le polar britannique. Sa série d’enquêtes de Tom Thorne, inaugurée en 2001 avec Sleepyhead (Dernier battement de cil, 2004), compte à ce jour huit titres, dont trois inédits en français. Comme des chiens est le cinquième du lot.
Initialement paru en 2005 sous le titre Lifeless, Comme des chiens traite du meurtre sordide de sans-abris dont certains sont d’anciens militaires perturbés par leur participation à la première guerre du Golfe en 1991. A-t-on affaire à un tueur en série ? C’est ce que doit établir un groupe d’enquêteurs de la « Met », la police métropolitaine de Londres. Pendant ce temps l’inspecteur Thorne, forcé de « se mettre au vert » après la mort récente de son père, entreprend une mission d’infiltration parmi les SDF.
Billingham ne réinvente pas le genre, mais sait donner aux amateurs de polars ce qu’ils recherchent : une enquête ponctuée de fausses pistes et de surprises, un inspecteur qui ne fait pas l’unanimité parmi ses collègues, ainsi qu’un portrait sans complaisance de Londres. La réflexion sur le sort des sans-logis prend même de l’ampleur au fil de la narration. Tandis qu’il s’infiltre parmi les vagabonds, avec une facilité qui peut laisser sceptique, Thorne découvre la minceur des frontières entre les citoyens ordinaires et les déclassés : « Deux feuilles de paie. Deux mois. Voilà tout ce qui sépare beaucoup d’entre nous du statut de sans-abri ». On peut reprocher à Billingham d’offrir une vision de carton-pâte des junkies. Dans le cas de Spike et de Caroline Un-Jour par exemple, ces gentils héroïnomanes de vingt ans, il aurait eu avantage à s’inspirer un peu plus d’Irvine Welsh. Le roman, thriller efficace certes, aurait néanmoins gagné en profondeur.